Le bois étant une matière qui se déforme avec le temps, les artistes de Fédoskino préfèrent utiliser le papier mâché, qui constitue un support inerte. Pour réaliser une boîte, plusieurs plaques de carton sont collées ensemble et pressées dans un moule. Elles sont ensuite séchées dans un four à haute température, poncées, enduites d’huile de lin puis séchées à nouveau. La boite est alors couverte d’une fine couche de peinture argentée permettant de rehausser les couleurs qui seront posées dessus, leur conférant ainsi un éclat intense et une qualité exceptionnelle.

Pour créer des reflets de lumière, l’artiste peut incruster un ou plusieurs morceaux de nacre dans sa composition. Ainsi, des effets aussi saisissants que la réverbération diffuse de la lune dans l’eau, la lueur du feu ou encore le rayonnement du soleil peuvent être rendus avec une rare intensité. Les morceaux de nacre sont choisis avec beaucoup de soin, afin de rendre l’œuvre cohérente et esthétique. Une partie du talent de l’artiste consiste à sélectionner le morceau de nacre idéal : les stries inhérentes à ce matériau lorsqu’il est brut doivent coïncider avec la dynamique du dessin, la taille et la teinte doivent être adaptées. L’addition de nacre confère à l’œuvre une impression de profondeur de champ en créant un véritable relief. Certains artistes décorent aussi les bords de leurs boîtes en collant des petites plaques d’argent et de laiton. Il s’agit d’une opération qui requiert un travail de découpe minutieux. Cet ajout fait office de décor complémentaire à la peinture et varie selon les goûts personnels de l’artiste.

Avant de commencer la peinture, l’artiste peut effectuer un croquis sur la boîte et le suivre pour peindre avec une grande minutie. Cependant, l’immense talent des très grands miniaturistes leur permet de travailler sans croquis. On peut distinguer ainsi, à Fédoskino comme ailleurs, les différents niveaux des peintres, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes : du simple élève au grand maître, en passant par une multitude d’artistes de niveau intermédiaire, relativement jeunes, qui sont chargés d’assurer la relève des grands maîtres. Le travail des élèves est relativement simple, les décors qu’ils réalisent sont succincts et les détails presque inexistants. Les feuilles et les troncs d’arbre se résument bien souvent à un unique trait de pinceau, sans nuance de couleur. Les personnages sont vides d’expression et paraissent figés.

A l’inverse, la composition de l’oeuvre d’un maître est très élaborée. Les détails y sont poussés à l’extrême : le tronc d’un arbre est dessiné avec son écorce, les feuilles ont plusieurs nuances de couleurs et tout ceci est réalisé avec une précision remarquable, qu’on pourra apprécier en observant ces détails à l’aide d’un loupe spéciale appelée compte-fils. Les visages des personnages présentent une expression faciale parfaite, soulignée par des jeux d’ombres sur la peau, qui n’est plus réalisée par un seul coup de pinceau mais par une multitude de traits fins, selon la technique dite de la « peinture tirée ». Pour ce faire, l’artiste pose une goutte de peinture avec un pinceau très fin et trace des traits successifs et superposés. Cette technique délicate et d’exécution difficile donne à la peau du volume et permet donc de travailler les ombres. Les regards sont si expressifs et détaillés qu’à la loupe, on y voit parfois des larmes et de microscopiques vaisseaux dans le blanc des yeux. Les pinceaux, généralement confectionnés par l’artiste lui-même, ont plusieurs épaisseurs et certains ne possèdent même qu’un seul poil, pour permettre de tracer les traits les plus fins tels que des cils ou cheveux.